- Citation :
- Voici la première instance faite sous les couleurs des Sombres. Merci de m'avoir accepté et bonne lecture.
« Pendez les ! »
« A mort les intrus ! »
Les cris de haine et autres vociférations résonnaient dans les couloirs. Dans un réduit pas plus grand qu’une armorie gnome, les deux aventuriers tentaient de se faire tout petit.
L’humain et le chaman étaient les seuls rescapés d’un lynchage en règle. Ils avaient été aussi les seuls à vouloir affronter la troupe des émeutiers.
Le capitaine de la prison de Hurlevent les avait pourtant prévenu et même tenté de les dissuader mais aucune parole ne leur avait fait rebrousser chemin.
« J’ai ton pied sur ma joue. » prévint Alibaba.
« Et toi ton genou dans la hanche. » lui répondit Chagouny.
« … »
« … »
« Ok j’essaye de bouger, de toute façon on ne les entend plus. »
Avec un réel effort, le voleur s’extirpa de son trou à force de grognements. Debout dans le couloir désaffecté où ils avaient trouvé refuge, il se massait les jambes pour tenter de faire circuler le sang. Ses muscles étaient ankylosés et ce n’était pas le moment d’avoir une crampe.
« La voie est libre, viens tentons de sortir. »
Le chaman le rejoignit en se massant le dos. Les deux aventuriers de l’alliance faisaient peine à voir.
Pourtant deux ou trois heures auparavant, ils paradaient dans les rues de la ville. Ils racontaient à qui voulait bien les écouter qu’ils ramèneront la tête des quatre leaders qui menaient la rébellion.
Les premières cellules avaient été nettoyées rapidement. Trop rapidement peut être. Ce fut par la suite, quand ils tombèrent nez à nez avec une patrouille d’une demi-douzaine de ruffians que les choses se gâtèrent.
Maintenant leurs vêtements étaient déchirés, nimbés de sang. Ils avaient semé un grand nombre de fioles dans les sous sols, jus de melon, fiole de soins, de mana, tout le stock y était passé.
Leurs visages étaient tuméfiés, croûtés. On aurait pu croire qu’ils étaient passés sous un troupeau d’éléphants.
Le voleur s’engagea dans le couloir menant vers la sortie. Vide.
« C’est peut être notre dernière chance… ».
Ils s’élancèrent en traînant la patte.
« On a quand même une chance de s’en sortir vivants… » pensa Alibaba.
« Hé ils sont là !!... »
Le cri résonna comme un glas. Fauché dans son élan, le voleur se retourna, apercevant par la lumières des torches, une marée de visages patibulaires, tous prêt à en découdre.
Chagouny hurla de toute la capacité de ses poumons : « COUUUURS ! »
Les deux amis s’enfuirent comme ils purent, espérant atteindre la barricade qui avait été montée en haut des escaliers par les autorités d’Hurlevent. Derrière eux, la masse compacte des défias s’élança comme un seul homme avec pour seul cri : « A Mort !! »
Quelques jours passèrent. Le capitaine des gardes de la prison regarda par la porte les ruelles du Canal.
« Depuis combien de temps sont ils entrés ? »
« Une heure mon capitaine », répondit l’un des gardes. « Et ça fait bien uns demi-heure qu’on n’entend plus rien. »
Le capitaine s’adossa contre le montant de la porte et soupira. Il serait obligé de recruter d’autres personnes pour écraser cette rébellion. Ils avaient été trois aventuriers à entrer dans la prison, deux de la guilde des Sombres, un de la Garde Prétorienne. Et cela faisait une demi-heure.
« Capitaine, ça bouge… on arrive vers nous. »
L’interpellé vint se poster sur la barricade, son épée au clair. Si les défias tentaient de faire une percée, il se jurait de les repousser.
Au lieu des brigands, se fut le petit groupe d’aventuriers qui ressortit de la prison tout en devisant tranquillement.
Chagouny tendit au capitaine un sac en toile de jute.
« Voici la tête du meneur. »
Un sourire fendit le visage d’Alibaba :
« ça vaut bien une petite récompense hein ?! ».